jeudi 13 octobre 2011

Ma mi-temps de gloire (pour un fois un billet très perso....)



Après vous avoir parlé depuis que ce blog existe, de petits joueurs, de médiocres troisièmes lignes (Mc Caw, Bonnaire, Lakafia, etc….), il était temps de vous parler d’un vrai joueur de haut niveau.

De qui ? de qui ? de qui ? ben de moi, voyons !

Certains d’entre vous, ce sont émus, étonnés, enthousiasmés, lors du récent et élogieux article dans Le Journal du Palais de découvrir dans mon CV, mon titre de champion de France de rugby, lorsque j’étais petit (21 ans).

Je vous rassure, je suis un tout petit champion de France, bien minuscule, et j’ai même peur d’usurper un peu ce titre.

Déjà, il ne s’agit que de championnat de France Universitaire. C’est toujours mieux qu’en foot, où la moyenne de scolarité dans l’équipe de France doit flirter avec la Moyenne Section de maternelle. En rugby, même si cela se perd avec la professionnalisation, j’ai eu quelques confrères médecins disputent en ce moment la coupe du monde : Roberts pour le Pays de Galles, Contempomi et Roncero pour l’Argentine…. Quoique, j’ai vraiment du mal à parler de Roncero comme d’un collègue.

De mon temps, c’était encore mieux, j’ai connu au milieu des années 1980, une équipe nationale d’Irlande qui comptait sept médecins sur ses quinze joueurs, les autres étaient ingénieurs, avocats, enseignants de haut-vol, etc….

L’équipe de France universitaire toujours à cette époque était de très haut niveau, l’équivalent d’une équipe junior, avec de nombreux joueurs : Benezech, Roumat, Blond, Accoceberry, Lacroix, et j’en passe, qui se sont tous retrouvés peu après dans la grande équipe de France. Il y avait aussi dans cette équipe Jean-Philippe Hager, qui jouait presque tous les jeudis avec nous dans l’équipe Médecine Lyon.

Un jeudi (justement) de février, notre vaillante petite équipe se retrouve sur la plaine des jeux de Gerland. Le match est prévu à 14h contre la réserve de la grande équipe de Lyon 1. La grande équipe de Lyon 1 est là aussi pour préparer son match de 15h30 contre l’UEREPS Grenoble.

Théoriquement nous devrions être au moins 45 (trois équipes), mais le temps est gris (normal on est à Lyon, froid pour ne pas dire glacial, et surtout pluvieux, le terrain est une véritable rizière. Je n’exagère pas quand je dis que par moment nous avions de l’eau plus haut que les chevilles. Ces conditions ont décidés certains moins motivés à rester chez eux. Résultat : nous sommes au maximum 35, avec un même entraineur (Monsieur Jacques Bordes).

Pour ne pas laisser repartir bredouille les courageux (c’est-à-dire rentrer à la maison sans avoir joué), il est décidé qu’on ferait seulement une mi-temps entre une équipe de Médecine, renforcée par ses meilleurs joueurs qui sont habituellement dans l’équipe de Lyon 1 (la grande équipe ou la réserve), notre université. Premier miracle, notre équipe se déchaine et on arrive à mettre minable mais vraiment minable surtout au niveau des avants (mais avec un tel climat, le jeu d’avant était essentiel) la grande équipe d’en face. Second miracle, je sors ce jour-là un des meilleurs matches de ma vie…. Il faut dire que j’ai un côté « cochon » : c’est dans la boue que je m’exprime le mieux, je vais en décevoir certains et certaines, mais plaquer dans une flaque d’eau, péter une charge avec les chaussures qui font ventouses dans la boue (floutch, floutch), finir le match couvert d’un gangue de boue, c’est ça le bonheur !

De plus ce climat humide convenait bien à mon asthme, que le vent, les jours de vent, j’étais inexistant, essoufflé dès le début du match.

Et puis, ce jour-là, la gniac, je l’avais souvent mais plus encore ce jour-là, sans calcul, sans espoir (je n’avais pas d’agent, pas de contrat publicitaire à honorer, aucun espoir de sélection. A la fin de ce petit match, et avoir salué mes adversaires, alors que je me dirigeai vers les vestiaires, le capitaine de la grande équipe Lyon 1 m’a rappelé pour me dire que j’étais sélectionné parmi les 21 qui allaient disputer le « grand » match.

La troisième ligne était entièrement médicale. Au centre : un titulaire indiscutable de la grande équipe : Jean-Philippe Hager, le grand chauve que vous voyait entrer dès qu’un joueur de l’équipe de France se blesse, c’était à l’époque un guerrier hors pair et un sauteur en touche extraordinaire, j’ai déjà parlé de lui.

A une aile, Philippe Jacob, notre capitaine de médecine, un gars avec trois poumons et un cœur du tonnerre. Je crois qu’il est devenu gastro-entéro à Lyon.

A l’autre aile, un intrus, un passionné de rugby, qui ne jouait même pas en club. L’autre arnaque, c’était de me faire jouer en 7, moi qui fut un 8 ou deuxième ligne, je ne connaissais que dalle à ce poste !

Ce fut le seul moment de ma vie où j’ai disputé un match de championnat de France U, même pas un match, je n’ai fait qu’une mi-temps (ma mi-temps de gloire), où j’ai eu « un peu » de mal, je n’avais pas le niveau , et le courage et la boue ne m’ont pas suffit, un ¾ centre extrêmement rapide m’a glissé trois fois dans les doigts pour aller inscrire à chaque fois un essai….. j’ai su que ce futur prof de gym grenoblois se nommait Vélo, il fut remplaçant une fois ou deux pendant le tournoi des 5 Nations.

Je suis sorti à la mi-temps, voilà, c’est out, enfin presque…. Lyon 1 a été champion de France U à la fin de l’année, un petit blog fête d’ailleurs cela, sur les très mauvaises photos je revois mes copains Philippe et Jean-Philippe.



Voilà, les 40 minutes de gloriole d’un grand gamin nul en sport, bloqué par un asthme, élevé dans du coton, qui avait juste besoin d’un peu de boue (et de beaucoup d’adrénaline) pour s’exprimer.





0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil